Découvrir la porcelaine de Limoges

Dans la famille des patrimoines immatériels, on demande : la Porcelaine de Limoges. On vous l’a dit dans le dernier article, on est plutôt chauvine.  Bon, on vous ment un peu, pour être plus exacte, on ne vient pas du tout de Limoges. Mais, cela commence à faire un petit moment qu’on y habite. Et dès notre arrivée, la population limougeaude ne cessait de faire les louanges de la fameuse porcelaine de Limoges, et on avoue, on y a pris goût. 

De couleur blanche, les manufactures la déclinent sous toutes ses formes, en assiette, saladier, bols, pichets, en poignée de porte ou bien en interrupteur, bref la porcelaine est mondialement reconnue… 

Porcelaine de Limoges

Histoire de la porcelaine de Limoges

Cette histoire débute, il y a très très très longtemps dans un pays lointain : la Chine. Le peuple chinois garde le secret de fabrication de la porcelaine depuis des millénaires. Ils en ont fait un art national jusque dans les années 1600. L’Europe, un peu triste a comme objectif de produire une porcelaine qui pourrait rivaliser avec celle des Indes orientales. 

Mais c’est seulement en 1710, à Meissen, en Saxe (actuelle Allemagne) que Johann Friedrich Böttger, un alchimiste, perce le secret de la porcelaine.

La France connaît enfin le secret essentiel : les gisements de kaolin. On en trouve dans plusieurs régions : Limousin, Auvergne, Bretagne, Drôme, etc. La présence du kaolin ouvre enfin la possibilité au royaume de France de fabriquer sa propre porcelaine. Différents essais sont menés à Sèvres et à Limoges.

Mais réellement la toute première manufacture de porcelaine de Limoges est en fait une Faïencerie Royale fondée en 1736 par Massié. C’est dans cet établissement travaillant la faïence grâce à un agrément royal que commença les essais de fabrication et de cuisson de la porcelaine de Limoges à partir de 1770. 

Depuis ce temps les différentes fabriques naissent et meurent, s’achètent, se vendent, se modernisent, déménagent… mais certaines d’entre elles sont toujours en activité aujourd’hui. 

L’essor de la porcelaine de Limoges se fit surtout au XIXe siècle, avec un procédé très structuré. Plusieurs carrières de Kaolin se sont ouvertes en Haute-Vienne, ainsi que des séchoirs à kaolin et des moulins assurant le traitement des matières premières et la préparation des pâtes. Malheureusement aujourd’hui, les carrières de Kaolin du Limousin ne sont presque plus utilisées car elles ont été consommées quasiment dans leur intégralité.

Historique de la porcelaine de Limoges

Pour faire cuir cette pâte et la transformer en porcelaine, il fallait dans un premier temps du bois. Le bois était coupé par des bucherons en amont de la rivière, à plusieurs dizaines de kilomètres. Avant de transiter sur plusieurs cours d’eau affluents de la Vienne pour rejoindre Limoges où le bois était arrêté par un ramier.

Les bûcherons et les flotteurs de bois ont constitué une corporation puissante, car leur activité était déterminante pour l’industrie de la porcelaine. En 1881, le flottage du bois s’arrêta au profit du transport ferroviaire. En 1897, le ramier de Limoges fut démoli.

Historique de la porcelaine de Limoges

L’activité industrielle de la porcelaine a connu de nombreux déclin au fil du temps. En effet, les deux guerres n’ont pas épargné la fabrication de la porcelaine. Après chaque période difficile, les industriels de Limoges ont rapidement su reprendre du poil de la bête. De nombreuses manufacture ont dû être restructurées ou ont disparu. Aujourd’hui, les industriels se réinventent en diversifiant leurs activités vers le luxe, les bijoux, les objets décoratifs, les partenariats avec des designers, tout en continuant la production des services de table traditionnels.

Quelques chiffres concernant les entreprises d’aujourd’hui en Haute-Vienne (chiffre de l’association esprit de Porcelaine) :

  • Environ 20 entreprises 
  • 1100 emplois directs dans les manufactures de porcelaine 
  • 300 emplois induits
  • Environ 120 Millions d’Euros de Chiffre d’affaires annuel
  • 70% de la production part à l’exportation, dont la majorité aux USA
  • Les manufactures les plus illustres sont : Bernardaud, Haviland, Raynaud, Royal Limoges, R. Haviland & C. Parlon, J. Seignolles, Arquié, Carpenet, Pergay, Médard de Noblat, Jean-Louis Coquet, Sylvie Coquet, etc.

Zoom sur la fabrication de la porcelaine de Limoges

  • Le travail préparatoire – Le plâtre

Le plâtre constitue le matériau principal pour la création de formes, de moules et de modèle avant de couler la pâte à porcelaine.

Chaque manufacture possède son atelier de moulage où l’on travaille le plâtre. Il est souvent séparé des autres ateliers pour ne pas contaminer la pâte à porcelaine.

Porcelaine de Limoges - étape de fabrication
Porcelaine de Limoges - étape de fabrication
  • La fabrication – La pâte 

La porcelaine n’est pas seulement composée de kaolin (sorte d’argile blanche), c’est une pâte composée de trois roches principales :

  • 50% de kaolin
  • 25 % de feldspath
  • 25% de quartz

Cette composition, liée à un peu d’eau, forme ce que l’on nomme la barbotine. Elle est ensuite coulée dans les moules de plâtre pour lui donner une forme. Cette technique est la plus utilisé dans les manufactures. Il existe d’autre type de pâte comme la pâte plastique ou bien la pâte atomisée. 

La caractéristique principale de la porcelaine est quelle est vitrifiée et translucide. 

 

  • La cuisson – le dégourdi  

La cuisson de dégourdi est une pré-cuisson de la pâte à une température inférieure à celle de la cuisson définitive, entre 800 et 1000 °C. L’eau s’évacue complètement, mais laisse la pièce poreuse pour la prochaine étape l’émaillage.  

A ce moment-là, la pâte prend alors une coloration rosée.

Porcelaine de Limoges - étape de fabrication
Porcelaine de Limoges - étape de fabrication
  • L’émaillage

Le dégourdi va ensuite être plongé dans un bain d’émail. C’est ce dernier qui lui confère cet aspect brillant que l’on connait de la porcelaine. Le trempage est dans la plupart des manufactures encore réalisé à la main, mais il peut être également automatisé. 

  • La cuisson – le grand feu

Les pièces sont alors cuites une seconde fois à 1400°Celsius. Les fours sont dits à combustible pour les cuissons de haute température.

À l’origine, les fours utilisaient le bois (comme on a pu le voir plus haut), puis le charbon fut employé par la suite, pour finir par des fours à gaz. Aujourd’hui, il reste un ancien four à globe qui était utilisé avec le charbon encore visitable à Limoges. 

Pour finaliser toutes ses étapes, il reste la décoration des produits en porcelaine, fait dans la plupart des cas à la main.

Porcelaine de Limoges - étape de fabrication

Reconnaissance d’un savoir-faire unique

Aujourd’hui la porcelaine de Limoges est protégée. En effet, elle bénéficie de l’appellation “IG Porcelaines de Limoges”. À l’origine, ce label est seulement pour les produits issus de l’agriculture (AOP, vins etc.). Seuls les produits en porcelaine entièrement manufacturés, c’est-à-dire fabriqués et décorés dans la zone géographique qui est le Département de la Haute-Vienne et respectant le cahier des charges, bénéficient de l’appellation « IG Porcelaine de Limoges ». Cette Indication Géographique garantit à l’acheteur la provenance et la traçabilité du produit. 

Quelques lieux à visiter à Limoges pour découvrir cette fameuse porcelaine

Musée national Adrien Dubouché :

Situé au cœur de Limoges, le Musée national Adrien Dubouché, service à compétence nationale, a la particularité de posséder la plus grande collection publique de porcelaine de Limoges du monde. 

En plus de cette collection, le musée présente des œuvres représentatives de l’histoire de la céramique de l’Antiquité à nos jours, avec 18 000 œuvres au total. Le musée contribue donc non seulement au rayonnement international de porcelainiers de Limoges mais valorise également l’ensemble des arts de la céramique.

Musée national Adrien Dubouché, Limoges

Four des casseaux :

Le musée du four des Casseaux est un site maintenant classé monument Historique. Ce bâtiment retrace l’histoire de l’industrie d’art par ses aspects techniques et artistiques mais également par son histoire sociale sur la ville de Limoges. 

Four des Casseaux, limoges

Encore aujourd’hui, la porcelaine fait partie intégrante de la Ville de Limoges. Elle en est fière et l’a ancrée dans l’aménagement du territoire. Notamment autour des bancs, dans l’art de rue, et même sur les routes.

Portrait Atelier Patrimoines
Lola et Justine sont deux entrepreneures du Patrimoine. Elles ont créé AP (Atelier Patrimoine), une société dédiée à la valorisation du patrimoine ! 
Elles partagent sur leur site web et leurs réseaux sociaux leurs réflexions et leurs découvertes. 
Objectif : la découverte du patrimoine en s’amusant !