Devenir attaché de conservation du patrimoine – Travailler dans la culture c’est pour beaucoup à la fois une passion, un rêve mais aussi beaucoup d’incertitudes et d’incompréhensions. Encore plus si on veut travailler à la conservation et à la valorisation du patrimoine français
En regardant à l’international, on se rend vite compte que la France fait figure d’exception. Depuis longtemps, le patrimoine est l’affaire de l’Etat mais appartient à tous. Les mécanismes de protections et les professionnels de la culture travaillent donc majoritairement pour l’Etat ou les collectivités territoriales. Dans bien des pays anglo-saxons, les professionnels de la culture sont davantage des salariés du privé et le statut des collections publiques et du patrimoine n’est pas le même. Dans certains pays, être titulaire d’un doctorat permet d’occuper un poste de conservateur du patrimoine (ou « curator), alors qu’en France ce grade est soumis à un concours de la fonction publique.
Devenir fonctionnaire …
En France, les agents de l’Etat et des collectivités territoriales sont fonctionnaires et répartis en trois fonctions publiques (Etat, territoriale, hospitalière). Ils sont garants du service public mais aussi de l’intérêt général. Les fonctionnaires peuvent exercer bien des métiers différents. Ces différents métiers sont organisés en filières et en ce qui nous concerne, la filière culturelle. Au sein de la filière culturelle, on trouve plusieurs cadres d’emplois comme celui d’attaché de conservation du patrimoine.
Ces cadres d’emplois correspondent à une catégorie (A, B ou C). Cette dernière permet d’évaluer le type de responsabilités du poste (encadrement, exécution …).
Dans la filière culturelle de la fonction publique territoriale par exemple, il existe six cadres d’emplois différents :
- Conservateurs territoriaux du patrimoine (catégorie A)
- Conservateurs territoriaux de bibliothèques (catégorie A)
- Attachés de conservation du patrimoine (catégorie A)
- Bibliothécaires territoriaux (catégorie A)
- Assistants territoriaux de conservation du patrimoine et des bibliothèques (catégorie B)
- Adjoints territoriaux du patrimoine (catégorie C)
Les attachés de conservation du patrimoine font partie de la catégorie A de la fonction publique, ils ont donc vocation à occuper des postes « hiérarchiquement supérieurs de conception, de direction et d’encadrement supérieur (attaché d’administration, ingénieur, etc.), et les métiers de l’enseignement ».
Les attachés de conservation du patrimoine font partie de la fonction publique territoriale, ils sont donc recrutés par des collectivités territoriales (et non par l’Etat).
Il existe deux grades : attaché de conservation du patrimoine et attaché principal de conservation du patrimoine. Pour être recruté sur le premier, il faut réussir le concours tandis que pour le second, il s’agit d’un examen professionnel et donc d’un avancement de grade.
Devenir attaché de conservation du patrimoine …
Pour occuper un poste d’attaché de conservation du patrimoine, il faut réussir le concours. Ce dernier, est organisé régulièrement (en moyenne tous les 3 ans) par les centres de gestion.
La réussite du concours permet d’être inscrit sur une liste d’aptitude. Cette dernière est publiée par les centres de gestion et permet à n’importe quelle collectivité territoriale de vous recruter. Cette liste est en effet nationale, peu importe où vous réussissez votre concours.
L’inscription sur la liste d’aptitude a toutefois une durée de validité limitée : elle est actuellement de 2 ans renouvelable deux fois donc au total 4 années. Pendant cette période, il faut être recruté par une collectivité territoriale sur un poste ouvert au grade d’attaché de conservation du patrimoine. La réussite du concours ne vaut donc pas nomination (contrairement aux concours de l’Etat). Il faut chercher par soi-même un poste durant ces quatre années, sinon, on dit qu’on perd le bénéfice de son concours.
Pour être définitivement recruté en tant qu’attaché, il faut donc être recruté sur un poste d’attaché de conservation du patrimoine et effectuer une période d’une année en tant que « fonctionnaire-stagiaire ». C’est comme une période d’essai pour les fonctionnaires. A l’issue, on est (enfin) titularisé(e) !
Une fois titularisé et sauf faute majeure, on est attaché de conservation et fonctionnaire à vie. Ouf ! Bien sûr, ce n’est pas obligatoire de rester fonctionnaire toute sa vie : on peut avoir un congé (maternité, paternité, parental …) ou encore opter pour une mise à disposition. Une fois titularisé, on peut aussi travailler pour une autre fonction publique : c’est le détachement. Cela permet par exemple de travailler pour un musée national, le ministère de la Culture entre autres !
L’organisation du concours
Le concours d’attaché de conservation est organisé, en moyenne, tous les 3 ans (il n’y a pas de règle !). Il existe cinq spécialités : musées, inventaire, archéologie, archives et PSTN (patrimoine scientifique, technique et naturel).
L’organisation du concours relève de la responsabilité des centres de gestion. Tous les centres de gestion n’organisent pas le concours, certains départements se regroupent. Toutes les spécialités ne sont pas représentées à chaque fois. Les centres publient plusieurs mois avant les épreuves écrites des arrêtés avec le nombre de postes ouverts dans chaque spécialité. Il est donc important de bien comparer ces arrêtés pour choisir son centre de gestion !
Il est possible d’accéder au grade d’attaché de conservation du patrimoine de trois manières :
- Par voie externe (bac +3 minimum)
- Par voie interne (fonctionnaires et agents publics après 4 ans de service public)
- Par 3e voie : pour les « personnes justifiant d’une expérience en qualité d’élu, de responsable d’association ou d’activités professionnelles de droit privé, pendant une durée de 4 ans au moins ».
Enfin, il est possible d’accéder à ce grade par voie dérogatoire pour les personnes en situation de handicap.
Pour devenir lauréat du concours, il faut donc réussir les épreuves écrites (dites d’admissibilité) et les épreuves orales (dites d’admission).
En ce qui concerne le concours externe, à l’écrit, il y a trois épreuves :
- Un commentaire portant sur un sujet « d’ordre général relatif aux civilisations européennes pour les spécialités archéologie, archives, inventaire, musées, ou sur un sujet d’ordre général relatif à la culture scientifique, technique et naturelle pour la spécialité patrimoine scientifique, technique et naturel (durée : quatre heures ; coefficient 3) ».
- Une note de synthèse « à partir d’un dossier composé de documents à caractère scientifique dans le champ patrimonial concerné, selon la spécialité du candidat choisie au de l’inscription au concours : archéologie, archives, inventaire, musées ou patrimoine scientifique, technique et naturel (durée : quatre heures ; coefficient 3) ».
- Une composition sur un sujet « portant au choix du candidat, exprimé au moment de l’inscription, sur l’une des spécialités suivantes : archéologie, archives, inventaire, musées et patrimoine scientifique, technique et naturel (durée : quatre heures ; coefficient 3).
Les épreuves orales ont lieu quelques mois plus tard et comprennent :
- Une conversation avec le jury « débutant par le commentaire d’un texte à caractère culturel pour les spécialités archéologie, archives, inventaire, musées, ou d’un texte à caractère scientifique et technique pour la spécialité patrimoine scientifique, technique et naturel (préparation : trente minutes au maximum ; durée : trente minutes ; coefficient 3) ».
- Une interrogation orale « portant au choix du candidat, exprimé au moment de l’inscription, sur l’une des options suivantes : conservation, médiation culturelle, histoire des institutions de la France et conservation scientifique et technique (préparation : trente minutes au maximum ; durée : trente minutes ; coefficient : 2) ».
- Une épreuve de langue vivante étrangère consistant en « la traduction : Soit, sans dictionnaire, d’un texte dans l’une des langues étrangères suivantes au choix du candidat : allemand, anglais, italien, espagnol, grec, portugais, néerlandais, russe ou arabe moderne. Soit, avec dictionnaire, d’un texte dans l’une des langues anciennes suivantes au choix du candidat : latin ou grec, suivie d’une conversation (préparation : vingt minutes ; durée : vingt minutes ; coefficient : 1) ».
- Une épreuve orale facultative « consistant en une interrogation sur les questions ayant trait à la gestion et au traitement automatisé de l’information (préparation : dix minutes ; durée : dix minutes ; coefficient 1) ».
Attention : lors de la session 2022, « pour faire face aux conséquences de la propagation de l’épidémie de covid-19 », les épreuves orales de langue vivante étrangère et facultative de gestion et traitement automatisé de l’information sont supprimées !
Le concours : une obligation ?
Voilà une question à laquelle il est bien difficile de répondre ! Pour travailler dans la Culture de manière générale, et pour le patrimoine, le concours n’est pas obligatoire. On peut être recruté en tant que vacataire, en tant que contractuel et même parfois « cédéisé ». Il existe des entreprises ou organismes privés qui œuvrent pour le patrimoine (ex : Fondation du patrimoine). Enfin, il est possible d’être auto-entrepreneur et de travailler, par exemple, pour des collectivités territoriales. Ces dernières font de plus en plus appel à des prestataires extérieurs pour des missions ponctuelles.
Le concours devient nécessaire lorsque l’on souhaite travailler directement dans les institutions publiques, à des postes permanents avec des responsabilités. Il permet également d’être au plus près des collections publiques ou bien directement responsables du patrimoine protégé notamment. Si vous voulez faire votre carrière dans un musée de France, une DRAC, au service de l’Inventaire, aux archives municipales ou départementales, ou bien à la direction de la culture de la ville, le concours sera votre porte d’entrée.
Passer ou non le concours reste donc un choix ! A chaque session, les candidats sont nombreux et l’on peut vite se décourager. Il est parfois nécessaire de tenter sa chance plusieurs fois, ce qui nécessite des mois de préparation. Le milieu de la culture est difficile, on parle souvent de précarité de l’emploi car il faut parfois multiplier les contrats de courte durée. Le concours est une façon d’obtenir un emploi pérenne dans la Culture, mais pas le seul. Cela dépend de votre parcours personnel, de vos aspirations, et de vos envies, bonne réflexion !
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