La créativité au service de la valorisation du patrimoine par Bonjour Sassou

Portrait bonjour Sassou

Nom : Banmouha
Prénom : Sarah
Réseaux sociaux :
@bonjoursassou
Lieu de vie : Bourges

A propos de ton métier …

Quelle est ton activité pro ? Peux-tu nous expliquer à quoi cela consiste ? 

Avec ma micro-entreprise @bonjoursassou, j’accompagne des entreprises à créer des projets et je gère également leurs réseaux sociaux en créant et planifiant des contenus digitaux. 

J’aime résumer cela en disant que je donne vie à des idées, avec des mots, des images, des vidéos ou encore des contenus audios. Je suis une sorte d’autodidacte touche-à-tout !

Je peux aussi bien faire des recherches en sciences historiques pour un article de blog, participer à la création d’un jeu de piste en boîte à l’échelle d’un département, créer une promenade audio, ou encore faire une vidéo explicative sur un fait historique pour la poster sur Instagram ou TikTok. 

Quel est ton parcours pour en arriver là ?

Je me suis longtemps cherchée pour en arriver là !

J’ai toujours été passionnée par la littérature et le cinéma. 

Après mon baccalauréat littéraire, je candidate pour entrer à la faculté de droit, à Bourges, la ville d’où je suis originaire. Mais, parmi mes vœux, les études de droit côtoient l’histoire de l’art et la faculté de cinéma… ce qui en dit long sur mon orientation.  J’ai mis le cœur de côté pour suivre la raison, disons.

Après deux premières années en droit peu épanouissantes, je décide de m’envoler vers l’étranger pour ma dernière année de licence, par le biais du programme Erasmus. C’est sur Séville que je jette mon dévolu.

Au cours de mes onze mois au cœur de l’Andalousie, mon projet de réorientation se concrétise. Poussée par cette ville riche par son histoire et son patrimoine, je rentre en France avec un billet pour Strasbourg, où je vais étudier l’histoire de l’art, comme j’en ai toujours rêvé. Une ville et un cursus où je vais renaître à moi-même, et « découvrir des mondes dont je n’avais pas connaissance », comme j’aime le dire. 

Après trois années de licence d’histoire de l’art, je fais un crochet par SciencesPo Strasbourg pensant pouvoir faire le lien entre mes deux diplômes. Au bout d’à peine un mois, je renonce, car je me rends compte que je m’éloigne de ce qui me fait vibrer : l’histoire de l’art. 

Je réintègre le master de recherche en histoire de l’art de l’université de Strasbourg. Suivie par le professeur Martial Guédron, je rédige un mémoire sur les images publicitaires de freak shows parisiens de 1850 à 1950. Un sujet passionnant, qui m’habite encore aujourd’hui ! Un sujet plutôt éloigné des tableaux, mais proche de la communication, dont j’ai fait mon métier…

Mon chemin jusqu’à la création de ma micro-entreprise s’est dessiné au cours de mes différentes expériences professionnelles, universitaires et associatives. Au fil de différents stages, je découvre différentes facettes de la culture : dans des musées où je participe à la vie du pôle de la conservation, dans un hôtel des ventes où j’enchéris pour les clients au téléphone, dans une radio locale où j’enregistre mon propre programme et des interviews, etc.

De fil en aiguille, j’effectue un stage qui n’a rien à voir avec l’histoire de l’art (ou presque) : je vais créer un escape game ludique et culturel en plein air, aux côtés de l’entreprise Les Mystères de Bourges. En parallèle, je commence à gérer les réseaux sociaux de cette PME. J’écris des posts sur le patrimoine de cette belle région qui m’a vue naître, le Berry, puis en 2022, je crée une promenade audio nocturne… C’était le début de @bonjoursassou !

 

Voilà. Un long parcours duquel je suis sortie enrichie, nourrie de rencontres et de projets bien différents !

Bonjour Sassou à Seville

Pourquoi ce métier ?

Pour tout avouer, je me dirigeais vers les métiers de la conservation du patrimoine. Un concours de circonstances a fait que je me suis éloignée de ce milieu (pour mieux y revenir, peut-être ?).

En parallèle de mes études de droit, j’ai longtemps alimenté un compte instagram tourné vers la littérature, qui s’est appelé @apothicarts puis @latentatricechaude (en référence à Ionesco). Ces deux premiers pseudos, ce sont « les ancêtres » de @bonjoursassou, qui est née lors de mon passage en Alsace.

Dans un premier temps, j’y partage quelques visites, des poèmes, de la littérature, et des travaux manuels. Et puis, @bonjoursassou devient une sorte de labo, qui me permet de cultiver ma créativité. J’y prends un plaisir immense, et je comprends, sans trop me l’avouer, que j’aimerais bien un métier autour de cela. 

Fin 2023, @BonjourSassou devient ma micro-entreprise, afin de créer pour les autres. Je rédige des articles de blog pour alimenter des sites, des publications sur instagram et LinkedIn, je crée des jeux de piste, j’enregistre et je monte des vidéos et des podcasts. C’est précisément pour cela que j’ai choisi ce métier : pour ne pas m’ennuyer, devoir toujours relever des challenges plus fous et continuer de m’améliorer en continuant d’apprendre. 

Aussi, je pense avoir choisi ce métier car je crois au potentiel des réseaux sociaux en ce qui concerne la culture. Sur internet, il y a encore tellement de choses à exploiter, tellement de publics à conquérir ! Le champ des possibles est infini, et j’espère continuer d’explorer cela encore longtemps, et trouver des moyens toujours plus efficaces pour dire que « la culture, c’est vraiment cool », à toutes et à tous. 

Quel serait le projet de rêve sur lequel tu aimerais travailler ?

Soyons fous : une capsule audiovisuelle pour une chaîne de télévision comme Arte ou le groupe FranceTV ! Un peu dans l’esprit de « Voir du pays », la série de courtes vidéos que Lucie Raijasse et moi-même avons créée début 2024, autour du patrimoine et de la culture de l’Hexagone. 

Quel métier tu voulais faire enfant ? Que dirais-tu à ton “toi” enfant ? 

Petite, je me voyais archéologue, vétérinaire ou institutrice. À partir du collège, je m’imaginais juge des enfants. Mais, en réalité, au lycée, je rêvais de faire un métier du cinéma, comme cadreuse ou monteuse.

Finalement, mes études m’ont poussée loin du métier de juge des enfants, m’ont rapprochée du métier d’archéologue, pour finalement faire de moi une monteuse d’images et d’histoires sur Internet. 

Lorsque l’on se lance dans les milieux culturels, on a tendance à nous dire qu’il s’agit d’un milieu « bouché ». Donc je conseillerai à mon moi enfant de garder les pieds sur terre certes, mais sans jamais renoncer à ses rêves et à ses plaisirs. Je dirai au « moi » enfant de suivre son instinct, de ne pas trop se torturer avec la vie professionnelle, mais d’aller de l’avant pour trouver sa voie, petit à petit, au fil des rencontres et des expériences.

À la petite Sarah, je dirai donc certainement : tu viens d’une ville où le plus célèbre personnage avait pour devise “À cœur vaillant, rien d’impossible”. Ne l’oublie jamais et fonce !

Lettre à petite Sarah

Un mot pour ceux qui aimeraient se lancer sur cette voie ?

À ceux qui aimeraient se lancer dans le secteur culturel, sans trop savoir quel métier ils souhaiteraient exercer, je dirais : pas de panique, vous allez trouver, en avançant dans la vie.

Puis, j’ajouterai qu’il faut rester ouvert et explorer le champ des possibles. Ne pensez pas qu’histoire de l’art = conservation, ne vous restreignez pas. Il y a plein d’autres métiers qui s’offrent à vous, et pour les découvrir, soyez curieux.

Je pense aux plus jeunes qui se cherchent et qui hésitent à se lancer dans l’aventure de l’entrepreneuriat. Je leur dirai de cultiver cette envie, en créant un maximum de choses, en s’impliquant dans des projets différents, personnels, associatifs, et en demandant des stages qui leur font envie, même si ces derniers leur semblent un peu éloignés de leurs études. Tu fais de l’histoire de l’art mais tu adores les podcasts ? Alors pourquoi pas faire un stage en radio, par exemple ?

Je leur dirai de s’enrichir d’horizons divers : aussi bien le théâtre, que le musée, que le cinéma, ou encore les livres, mais de TikTok aussi ! Osez pousser des portes : pour entrer dans les galeries d’art, ou essayer l’opéra ! Et si finalement, ce qui vous plaisait c’était de travailler dans un atelier de décors pour l’opéra, ou bien d’être galeriste ?

C’est un peu l’idée de Bonjour Sassou : se dire qu’au bout d’un geste, d’un mot comme « bonjour », on va peut-être commencer une formidable aventure, comme un stage, un projet créatif…

Quels regards sur le patrimoine ?

 

Quel est ton rapport au patrimoine ? Qu’est ce que cela veut dire pour toi ?

Le patrimoine m’apporte énormément. Au-delà d’un métier et d’une passion, j’y trouve plus encore.

Le patrimoine pour moi, ce n’est pas seulement l’attitude passive de spectateur qui « regarde juste », bien au contraire. Le patrimoine permet de réfléchir sur le passé pour comprendre le présent et peut-être même mieux appréhender l’avenir.

Avoir un lien avec le patrimoine selon moi, c’est visiter, regarder, pour trouver quelque chose. Visiter pour apprendre, visiter pour trouver une émotion, une histoire, une réponse.

Aller au contact du patrimoine, c’est chercher à vibrer, à s’enrichir, à percevoir d’autres visions du monde et des choses. Car si le patrimoine évoque en premier lieu la visite et la découverte de quelque chose, elle implique parfois aussi un retour du soi. Je pense à ces lieux dont on pousse la porte et dans lesquels on peut trouver de l’apaisement, comme les églises ou des sites naturels. Il y a aussi ces châteaux presque magiques qui appellent l’évasion, l’imagination et le rêve, ou encore des œuvres, comme les vanités qui continuent à inviter le spectateur à réfléchir sur le sens de l’existence, depuis des siècles.

J’aime imaginer notre joli pays comme un musée à ciel ouvert où le patrimoine est partout, même là où l’on s’y attend le moins. Pas besoin d’aller se promener entre les tableaux pour profiter du patrimoine qui peut aussi bien être enfoui sous la terre, bâti dans nos rues, immatériel ou encore naturel. Levez les yeux pour vous en délecter !

Comment t’es venu(e) ton attrait pour le patrimoine ?

Je viens d’un milieu assez éloigné de la culture. Ma mère, qui est arrivée en France à l’âge de dix ans sans parler un mot de français, a très vite compris, il me semble, l’importance de la culture en ce qu’elle apporte en terme d’épanouissement personnel et en terme d’intégration sociale.

Nous passions des journées entières à la médiathèque de Bourges à lire. Elle m’emmenait également régulièrement au théâtre. J’ai donc d’abord nourri un amour inconditionnel pour les mots et la littérature… qui a été peu à peu rattrapé par les lieux culturels, surtout grâce à l’école. 

Cet attrait pour le patrimoine et les musées, auxquels j’ai dédié une partie de mon cursus universitaire je le dois, je pense, à un professeur qui m’a transmis ce goût là. Un professeur d’arts plastiques, Dominique Lesage, qui m’a suivie du collège jusqu’à la terminale. En plus de la pratique, avec lui, j’ai découvert un monde d’images. Très vite, j’ai commencé à aller à Paris les week-ends pour visiter les grands musées ! Et de ça, à là… Je suis arrivée en histoire de l’art !

Et puis, comment ne pas développer une passion pour le patrimoine, lorsque l’on est née à Bourges, dans le Berry, au beau milieu de la “diagonale du vide”… qui n’est pas si vide que ça, si l’on considère son passé gallo-romain, sa cathédrale, son Palais Jacques Cœur… entre autres !

Un lieu qui t’a particulièrement marqué ? Explique-nous

Il y en a tellement ! Mais s’il ne fallait en garder qu’un, il s’agirait de « La maison de Colette » à Saint-Sauveur-en-Puisaye dans l’Yonne.

Il s’agit de la seule visite où j’ai frôlé les larmes, tant elle m’a bouleversée. 

J’adore visiter des maisons ou ateliers liés à des personnalités célèbres. Certainement car pénétrer dans ces lieux est pour moi une expérience intime, où l’on se rapproche au plus près de ces individus. 

L’histoire de cette demeure est aussi incroyable qu’émouvante, et la visite guidée de Frédéric Maget (président de la Société des amis de Colette et directeur de ce lieu) a fait de cette visite l’une des plus marquantes de ma petite vie et sans doute l’une de mes préférées. Je ne cesse de vanter ce lieu depuis. 

L’histoire de cette maison est digne d’un roman. D’ailleurs, ce n’est pas un abus de langage. Colette a fait revivre cette maison et le bourg de Saint-Sauveur-en-Puisaye dans ses romans. Quelle émotion lorsque Frédéric Manet vous récite, les lignes qui décrivent cette maison, alors que vous vous trouvez juste en face, ou lorsqu’il fait revivre un élément de mobilier en citant les mots de Colette, alors que vous avez tel ou tel élément de décor devant les yeux… 

Suite à des difficultés financières, la famille a été contrainte de quitter les lieux. Colette va, dans ses livres, essayer de retrouver ce paradis perdu, ce qui rend la visite encore plus touchante. 

Ce lieu, c’est un projet titanesque. Rachetés, la demeure et ses jardins vont connaître une seconde vie. En effet, une équipe va s’efforcer de donner à voir ces lieux tels que la jeune Colette les a connus et décrits dans ses livres. Grâce à des textes, des documents iconographiques, le lieu a pu reprendre vie : le mobilier, les éléments décoratifs, les livres présents dans les bibliothèques sont le fruit de recherches… mais également d’un savoir-faire. En effet, certains papiers-peints ont même été réalisés selon les techniques de l’époque.

Impossible de sortir de ce lieu sans avoir envie de découvrir l’œuvre de Colette !

La maison Colette

 

Un souvenir, une anecdote à raconter ?

J’ai croisé Maisie Williams (qui joue Arya Stark dans Game of Thrones) au musée d’Art Moderne de Paris, entre les toiles de Delaunay ! 

Ta liste de visites pour 2024 ?

Ah la fameuse « liste de visites » des amoureux du patrimoine !

La mienne est si longue, qu’en 2025, je continuerai à arpenter la France pour cocher les cases de ma to do list de 2024 ! Ma liste de visites est longue comme le bras (et mes deux jambes).

Tout d’abord, prochainement, j’ai déjà programmé mon premier retour à Strasbourg depuis ma soutenance de mémoire. L’Alsace me manque particulièrement, comme une vieille amie avec laquelle je n’ai pas eu l’occasion de prendre un café depuis longtemps. De belles retrouvailles en perspective… et pas mal de patrimoine au programme, évidemment !

J’ai évidemment d’autres visites de prévues : je profite d’un concert à Amiens pour visiter cette ville qui me fait de l’œil depuis quelques années. Nul doute que cette virée fera l’objet d’une publication instagram, tant cette jolie ville a des choses à offrir !

Le printemps et l’été seront riches : Noirmoutier, randonnées dans le Jura, découverte de la Baie de Somme dont on me vante la beauté… Il me tarde que les premiers rayons du soleil soient de retour !

J’ai également hâte de découvrir la prochaine exposition du musée des Arts Décoratifs de Paris (mon musée préféré sans aucune hésitation), sur la naissance des grands magasins. 

Je compte aussi profiter de l’été pour (re)découvrir l’Île-de-France et ses alentours. Je pense à Saint-Rémy-les-Chevreuse, Provins, Moret-sur-Loing… mais également aux châteaux ! Le château de Monte-Cristo, Châtenay-Malabry ou encore Chantilly…

J’ai également un voyage à l’étranger prévu très prochainement et qui fera l’objet du dixième épisode de « 365 jours pour tout changer ». Mais pour l’instant, c’est un secret !

Bon, comme je le disais, j’ai une liste de visites plutôt ambitieuse… Je devrais plutôt lancer un concept « 365 jours pour tout visiter » sur Instagram et visiter un lieu par jour, si je veux réussir à tenir mes objectifs !